1949
DESCARGUES, Pierre, « La rétrospective Pétérelle », Arts, 7 octobre.
Extrait :
Peu de peintres méritaient autant que Pétérelle cet hommage que lui fait le Salon d’Automne et que pour ma part je trouve un peu trop discret car on s’apercevra dans vingt ans peut-être ou davantage, que Pétérelle était un grand peintre et qu’il apportait à son siècle sa pierre bien taillée d’artiste probe et d’homme honnête.
Quand on cherche une paternité à certains jeunes artistes (tous les artistes ont un père bien qu’il s’en défendent) on oublie Pétérelle, le maître du noir, le maître de l’ombre colorée, le maître du mouvement, de ce mouvement de la fatalité qui imprègne notre jeune école. Avec des moyens en apparence simples, mais qui prouvent en réalité que Pétérelle connaissait merveilleusement son métier, l’artiste a su rendre cette espèce de climat pesant des foules, cette angoisse quasi-solutréenne de l’homme moderne à travers les bouleversements des visages, le figé des attitudes, la peau noirâtre d’humanité malsaine. Il se décantait de tout cela par un immense amour de la nature et des arbres, par celui des animaux et par cette bonté de sauvage qui était la sienne. Des jeunes artistes ont travaillé près de Pétérelle tel Jean Legros, et il leur a transmis cette foi dans son métier comme le plus précieux des héritages. La peinture de Pétérelle tient le mur comme elle tient dans le temps, il n’est guère besoin d’en dire d’avantage puisqu’au demeurant il suffit de la voir pour l’aimer.